Selon une étude américaine, les salariés francs et naturels seraient en meilleure santé et, du même coup, plus productifs que leurs homologues qui s’infligent un douloureux code de conduite.
Un sourire affecté, un rire réprimé, une fausse tape dans le dos, une poignée de main exagérément virile, une autorité surjouée…selon une étude américaine, l’hypocrisie des émotions en entreprise éprouverait durement les nerfs de ceux qui considèrent qu’il s’agit du seul moyen pour se fondre dans le moule professionnel : avoir l’air heureux toujours, devant le client d’abord, devant ses supérieurs ensuite.
Seulement, à la longue, cet effort, d’autant plus difficile qu’il est long et intense, s’avérerait mauvais pour la santé, l’équilibre psychologique et donc, au final, la productivité.
Exprimer sa colère en entreprise
Un constat dressé par une récente étude conduite par des chercheurs américains, et publiée dans l’Academy of management Journal. A l’inverse, l’enquête montre que les salariés privilégiant la carte de la franchise et les attitudes directes, et exprimant des émotions naturelles, qu’elles soient de joie ou de colère, s’épanouiraient davantage dans leur travail, lequel serait alors moins néfaste pour leur santé.
Cet état de fait obéit à l’essence même de ce qui définit la nature humaine : nos émotions jouent le même rôle qu’une soupape de cocotte minute, à condition de savoir les exprimer et les libérer. C’est en les réprimant qu’elles risquent de gripper la machine. La douleur ressentie devient alors physique et mentale : sommeil pas réparateur, mal de dos, mauvaise concentration, troubles de la vision, angoisse, stress…
Et pourtant, de nouvelles tendances émergent aujourd’hui dans les politiques de recrutement des entreprises : la recherche du flair gagne en importance, de même que les fortes personnalités desquelles émanent des émotions communicatives.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les tempéraments colériques et bouillonnants ne sont pas totalement bannis du milieu professionnel : tout le monde reconnaît aujourd’hui qu’un bon coup de gueule, bien asséné, peut crever les pires abcès et ramener le calme dans les équipes, justement parce qu’il aura permis de délier les langues.
Les problèmes de l’open space
En revanche, il faut reconnaître que le mode de fonctionnement des entreprises est un frein à l’expression de certaines émotions : l’open space par exemple. Ce type d’aménagement, fondé sur la mise en commun des espaces de travail, sans cloisons, fait l’objet de controverses depuis une vingtaine d’années, en ce qu’il briderait les salariés les plus émotifs.
Si ses partisans lui reconnaissent des avantages, notamment dans sa faculté à faciliter la communication interne, ses détracteurs pointent du doigt le fait qu’il « est bruyant » ou alors trop pesamment silencieux, qu’il annihile toute intimité et qu’il ferait même baisser la productivité.
Ce concept, imaginé en Allemagne dans les années 50, s’est très vite exporté aux Etats-Unis où le modèle est quasiment devenu une marque de fabrique. L’open space a fait son apparition en France dans les années 1980 et n’a cessé de se développer depuis avec la croissance du secteur tertiaire.
Aujourd’hui, plus de 60% des entreprises françaises utiliseraient des espaces ouverts de travail.