Sous la pression des organisations patronales et de certains acteurs économiques qui subissent de plein fouet les effets du télétravail sur leur niveau d’activité, l’Etat assouplit les conditions d’accueil des salariés.
Masque, gel, distanciation : c’est, depuis le déconfinement très « progressif » du 11 mai, le triangle équilatéral qui prévaut dans les entreprises et y impose un cadre rigide peu compatible avec les acquis du « monde d’avant » cher aux employeurs. Beaucoup d’entre eux (mais pas tous) ont vécu ce protocole comme une contrainte – financière d’abord – et un étau trop serré pour leur permettre d’accueillir la totalité de leurs effectifs (et donc d’en maintenir une partie en télétravail, une formule conseillée par le gouvernement afin d’éviter une sur-fréquentation des transports en commun).
Au plus fort de la crise sanitaire, une enquête dite « Acemo » (Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre) avait permis de sonder les ressentis dans les entreprises qui accueillaient alors dans leurs murs la moitié de leurs salariés : les dirigeants interrogés voyaient dans les mesures à mettre en place pour garantir la sécurité de leurs collaborateurs un « obstacle » à une véritable reprise, en ce qu’elles « limitent la productivité et/ou augmentent les coûts de fonctionnement ». Les structures déploraient notamment «« la disponibilité limitée de certains salariés et les frein occasionnés par la distanciation physique dans l’organisation globale de l’activité ».
Ces doléances, relayées au niveau national par les principales organisations patronales (Medef, CPME), ont fini par résonner aux oreilles des pouvoir publics, plus enclins et réceptifs qu’il y a un mois à des assouplissements alors que la situation épidémique paraît « sous contrôle ». Un amendement va très prochainement adoucir le dispositif réglementaire fixé par le décret du 1er juin qui formalisait les conduites à tenir dans les bureaux, les commerces, les structures industrielles au stade n°2 du déconfinement :
Le télétravail, jusqu’ici préconisé par l’Etat auprès des entreprises qui en avaient la possibilité, ne deviendra plus l’alternative prioritaire (le retour des salariés sur site est aussi réclamé par les restaurants urbains qui cherchent à récupérer leur clientèle professionnelle).
La fin des 4 m² entre collègues
Mais pour faire sauter cette consigne, il fallait déverrouiller le cadre qui, de fait, limite encore aujourd’hui la capacité d’accueil des salariés en milieu « fermé » : la fameuse règle des 4m² nécessaires entre chaque personne, devrait disparaitre au profit d’une mesure de distanciation plus raisonnable, réduite à « un mètre ». Soit un quasi retour à la normale, du moins dans les structures de service qui fonctionnent avec des bureaux.
Le port du masque restera toutefois de rigueur, si les nouvelles normes en matière de distanciation physiques ne sont pas tenables en raison de la nature de l’activité ou de l’exiguité des locaux. Idem pour le gel hyro-alcoolique dont la mise à disposition devra être poursuivie afin d’offrir à l’ensemble des personnels de se laver les mains de façon régulière. Les plans de circulation devront aussi être maintenus afin de fluidifier les flux dans certaines salles et les points stratégiques où les personnes se croisent plus fréquemment (aux entrées et aux sorties des bâtiments par exemple).
L’ensemble de ce nouveau protocole, en cours de finalisation, devrait faire l’objet d’une publication officielle dans les jours et les heures qui viennent. Pour une entrée en vigueur rapide : sans doute en début de semaine prochaine.